BAHRI Laaziz
QUAND FOOTBAL S’APPELAIT SPECTACLE…
Kherrata est en deuil : un symbole du football est parti. Une figure emblématique de la balle ronde s’est éteinte. Un homme aux mille qualités nous a quittés. Laaziz Bahri n’était pas seulement ce joueur hors pair du jeu à onze à l’époque où football s’appelait spectacle, c’était aussi un sacré farceur. Ses histoires fabuleuses et invraisemblables se racontent encore, et se raconteront toujours pour témoigner de son immortalité.
« Laaziz est simplement absent, Laaziz ne peut pas mourir, car il fait partie intégrante du décor de Kherrata depuis des lustres », c’est la pensée unanime des habitants qui affluaient vers le cimetière local pour rendre un dernier hommage mérité au disparu. Dans le cortège, chacun selon ses souvenirs, rapporte une anecdote du défunt, ou décrit l’une de ses nombreuses prouesses footballistiques qui faisaient le bonheur des supporters (autant dire toute la région) de la fameuse J.S.K. (Jeunesse Sportive de Kherrata) des années 60.
Photographe professionnel de son état, Laaziz se distingua très tôt comme un avant-centre prodigieux au sein de l’équipe de football de Kherrata. Si bien que les dirigeants de la glorieuse entente (ESS) de Sétif, celle des Mattem, Koussim et autre Salhi, sollicitèrent ses services qu’il déclina poliment arguant que la J.S.Kherrata avait besoin de lui.
Petit de stature mais large de carrure, Laaziz, balle au pied, était la bête noire de toutes les défenses de la basse Kabylie. Rapide, précis dans ses relances et dans ses tirs, excellent dans le jeu de tête, ce numéro neuf avait toute les qualités d’un chasseur de buts. Une fois, il sillonna la moitié du terrain en jonglant de la tête avec le ballon jusqu’aux bois adverses où il marqua un but d’anthologie. Cependant, ses prestations toujours applaudies lui valurent quelques agressions de la part de ses adversaires du jour qui se rebiffaient contre lui en le fauchant sévèrement. Mais lui se relevait toujours avec un large sourire et allait toucher la main de son vis-à-vis en montrant ainsi que le foot devait les réunir et non les séparer.
Pendant la guerre de Libération Nationale, Laaziz s’engagea dans la lutte en ravitaillant les maquis en munitions et en provisions de bouche. Or, après l’indépendance, il n’a jamais cherché à obtenir quelque compensation. Devoir et humilité…
Citoyen très populaire, Laaziz était aimé et respecté pour sa simplicité, son humour typiquement algérien, et son dévouement à toute épreuve pour tout ce qui touchait à la vie locale. Oui, Laaziz était un être unique en son genre, et les habitants de Kherrata ne sont pas près d’oublier cet homme aux valeurs morales avérées doublé d’un footballeur de génie que l’histoire sportive locale imprimera à jamais dans ses annales.
Repose en paix, Laaziz, repose en paix joueur et farceur au grand cœur… Certes, ton corps a disparu pour toujours, mais ton image et ton aura resteront à jamais vivantes dans nos souvenirs !
Khaled Lemnouer
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021